Nous vivons en anthropocène (1). A savoir une nouvelle ère géologique à partir de laquelle l’Humanité dans son ensemble – même si d’abyssales inégalités sociales et économiques existent – est capable de modifier fondamentalement tous les écosystèmes de son « environnement ». Autrement dit, une nouvelle période où l’activité humaine est devenue la contrainte géologique dominante devant toutes les autres forces géologiques et naturelles qui avaient prévalu jusque-là.

Que ce soit les émissions de gaz à effet de serre, la pêche intensive, les consommations d’énergies, d’engrais, d’eau potable ou les populations, tout s’accélère de façon exponentielle. Ces accélérations sont tellement fortes que les courbes semblent difficiles à prolonger !


Un modèle civilisationnel suicidaire
Si l’on veut bien comprendre l’ampleur du problème auquel nous sommes confrontés, il faut saisir la notion d’empreinte écologique.
Cette notion est apparue durant la Conférence de Rio en 1992, mais elle n’a été définie qu’en 1994. L’empreinte écologique consiste à évaluer quelle charge fait peser sur la nature une population donnée. Il s’agit de calculer quelle est la superficie « consommée » annuellement par chaque individu, en divisant la surface nécessaire à produire l’ensemble des biens consommés par la communauté (comme les terres cultivées ou les espaces aquatiques productifs) par le nombre d’individus dans cette communauté (Source : Novethic).
Notre empreinte écologique est clairement intenable : elle a dépassé la capacité biologique de la Terre depuis 1970.
Ainsi, l’empreinte écologique des pays du nord est telle que si tous les humains consommaient autant que les européens, il nous faudrait 3,4 planètes.
Et s’ils consommaient tous comme des Américains, il en faudrait 5,61. Depuis 40 ans, l’empreinte écologique de l’humanité a presque doublé.
En lien direct, cela nous amène au « jour du dépassement » (2)
Calculée par le Global Footprint Network, la date du 28 juillet correspond à la date à partir de laquelle l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que la Terre peut reconstituer en une année.
Autrement dit : pour régénérer ce que l’Humanité consomme aujourd’hui, il nous faudrait l’équivalent de « 1,75 Terre » en termes de surface. Actuellement, nous vivons 5 mois dans le rouge en entamant le capital naturel nécessaire au maintien de la vie sur Terre (3).
Notons qu’en 1998, cette date était le 30 septembre, en 2019, le 31 juillet et en 2022 le 28 juillet. Il devrait normalement se situer en juin dès 2030, en mai dès 2040…

Le constat est aussi celui d’une artificialisation du monde jamais égalée.
Selon une étude parue dans Nature en décembre 2020 (4) la masse de ce qui est produit par l’homme, comme les bâtiments, les routes, les voitures, excède désormais la biomasse.
Toutes les « limites planétaires » estimée scientifiquement par rapport à ce qui serait nécessaire pour la préservation de notre biome terrestre, sont dépassées, les unes après les autres (5).

Bifurquer ou périr !
Dès lors, nous comprenons bien que la « crise écologique » ne peut se réduire à une question de « transition énergétique » ou de simple décarbonation, à un remplacement des voitures à pétrole par des voitures électriques, à un amoncellement de biens de consommation estampillés « durables » par des services marketing « repeint en vert » !
D’ailleurs, il faudrait cesser de parler de « crises ». Une crise est une série de problèmes, plus ou moins graves, que l’on traverse, pour revenir ensuite un état de « normalité » (le « monde d’avant » ?).
Or, en raison de l’inertie du climat, du caractère d’irréversibilité des atteintes à la biodiversité, de la durée très longue nécessaire à un éventuel « rétropédalage » dans l’impact de nos pollutions, nous ne sommes pas face à une ou des crises, nous sommes plongés, jusqu’au cou, dans une triple rupture (climat, biodiversité, pollution) qui conduit à un choix radical (au sens de chercher à la racine) : soit continuer dans la même direction et périr, soit bifurquer (brutalement) et avoir une chance de limiter les sinistres !
Cette triple rupture peut se traduire par une liste de constats, effroyable par sa longueur :
- L’emballement climatique est amorcé.
- L’eau manque, y compris dans les pays riches. Selon un rapport inquiétant de l’ONU (2019), près de la moitié de la population mondiale – 3,6 milliards de personnes – vit déjà dans des zones où l’eau peut manquer au moins un mois par an, et ce chiffre pourrait atteindre 5,7 milliards d’individus en 2050 (6).
- La désertification menace déjà un tiers des terres émergés.
- De nombreux points de bascule sont dépassés (comme l’Arctique).
- L’augmentation de la fréquence des événements météo extrêmes (et leur intensité) est bien visible.
- L’estimation du budget carbone restant (pour ne pas aller au-delà de +2°C d’augmentation de la température moyenne) varie de quelques 300 et quelques milliards de tonnes à … zéro (budget déjà épuisé pour ne pas dépasser les 1,5 et 2 degrés de réchauffement).
- L’effondrement de la biodiversité est dramatique. En cinquante ans, 68% des animaux vertébrés sauvages ont disparu. Pour les insectes, le taux d’extinction est huit fois plus rapide que celui des mammifères, oiseaux et reptiles (7).
- Les glaciers continentaux s’amenuisent. Depuis la fin des années soixante, la couverture neigeuse mondiale a décru de 10 à 15 %.
- L’Arctique se réchauffe deux à trois fois plus vite que le reste de la planète. La surface estivale de la banquise polaire est passée de dix millions de kilomètres carrés au début des années 1980 à moins de quatre millions aujourd’hui.
- L’emballement du réchauffement en Antarctique a aussi débuté et surprend les scientifiques par sa soudaineté.
- Les perturbations des courants océaniques et atmosphériques sont bien observables.
- Le dégel du permafrost (pergélisol) a commencé, avec des décennies d’avance sur les prévisions, se doublant du phénomène du « dégel brutal », libérant d’importante quantité de protoxyde d’Azote. Le risque est également la libération de « nouveaux » virus.
- Des fuites de méthane en fonds marins se déclenchent (la première fuite active de méthane du fond marin en Antarctique a été révélée par des scientifiques en juillet 2020).
- Les risques de zoonoses sont grandement accrus, les maladies tropicales s’invitent en zones tempérées.
- Les zones mortes dans les océans progressent (zones hypoxique).
- Les cycles du phosphore et de l’azote sont gravement perturbés.
- Des chaleurs humides létales apparaissent et rendent des régions inhabitables.
- Les puits de carbone naturels que sont les océans et les forêts, saturent.
- La (très timide) reconstitution de la couche d’ozone est à nouveau menacée par le réchauffement climatique.
- Chaque minute, des surfaces équivalentes à 22 terrains de foot de forêt sont rayées de la surface de la planète avec tous ceux qui y vivent (Greenpeace).
- Les océans s’acidifient (par absorption du CO2), ce qui a des conséquences lourdes sur les espèces marines, les coraux… L’acidification réduit les capacités de l’océan à jouer un rôle de puit carbone (phénomène de saturation).
- Et cette liste n’est pas exhaustive !
- Or, pendant ce temps, les Etats trichent autant qu’ils le peuvent pour afficher des émissions minorées, et des bassins de rétention d’eau (puisant dans les nappes phréatiques) sont construits pour permettre à de gros exploitants de continuer la culture… du Maïs ! Les journalistes mainstream – qu’ils convient plutôt de qualifier d’éditocrates – nous rejouent régulièrement Don’t look up et la COP27 se prépare dans le silence le plus assourdissant qui soit…
Changer nos revendications
Suite à ce désastreux inventaire à la Prévert, que dire ? Rappeler pour la énième fois combien nous sommes dans une situation d’urgence absolue ?! Oui, il le faut bien…
Cette urgence absolue ne peut avoir qu’une seule réponse : la sobriété en priorité, car placer de faux et dangereux espoirs dans des technologies censées nous sauver, alors qu’elles ne sont aucunement opérationnelles, relève de la folie. Rajouter qu’il vaut mieux, pour nous toutes et tous, que certaines de ces technologies, particulièrement celles de la géo ingénierie, ne soient pas au point, au regard des risques qu’elles constituent. Nous y reviendrons.
Par ailleurs, il nous faut afficher un message clair : cette sobriété n’est viable qu’intégralement couplée à une dynamique de justice sociale.
En effet, elle ne peut être acceptable et acceptée que si les plus fortunés, qui représentent la plus grosse part des émissions et pollutions, sont dépossédés et que l’on ramène leur pouvoir d’achat à celui du plus grand nombre.
Mais c’est ici qu’il doit y avoir une mutation fondamentale dans les aspirations des mouvements sociaux et syndicaux. Il ne doit plus s’agir de « simplement » répartir les « super profits » (et consommer plus), mais d’œuvrer pour les réinvestir dans les Communs : les actifs financiers étant alors utilisés pour accompagner la création d’une nouvelle économie citoyenne et coopérative respectant la « règle verte » (ne pas extraire ou faire supporter à la planète plus que ce qu’elle peut donner). Il faut bien reconnaître que cet angle de vue n’est pas partagé, loin s’en faut, par l’ensemble des organisations syndicales existantes, y compris les plus « radicales ».
In fine, ce sont bien nos modes de vie, pour la plupart d’entre nous dans cette région du monde, qui doivent changer en profondeur, ce qui suppose de définir collectivement un montant de revenu éco compatible. Mais pas seulement. Car c’est qualitativement que doivent aussi se revoir les consommations. En ce sens, vouloir opposer les « éco-gestes » au combat contre les multinationales serait une lourde erreur. Car les deux combats vont de pair. Et si nous parvenons à neutraliser les « firmes » et à stopper leurs actions climaticides, cela ne nous exonérera en rien des mutations brutales dans nos habitus…
La « feuille de route », nous la connaissons !
Pour l’heure, il nous faut encore affirmer avec force que toutes les mesures à prendre sont connues, pour peu que l’on fasse un minimum d’effort pour s’informer.
Elles pourraient être catégorisées en six grandes axes forts : 1 ) Moins et mieux produire, 2 ) Moins et mieux consommer et recycler, 3 ) Adapter nos logements et chauffages, 4 ) Limiter nos déplacements et tous les transports, 5 ) Stopper l’ébriété numérique 6 ) Stopper tous les projets inutiles et nuisibles.
- Moins et mieux produire et recycler !
Beaucoup d’actions peuvent être placées sur cet axe. Notre « feuille de route » devrait intégrer les éléments suivants :
- Toutes nos productions doivent prendre une trajectoire immédiate de sortie des énergies fossiles. D’abord, en stoppant tous les financements à de nouveaux projets. Pour rappels, il existe actuellement 425 projets de « bombes climatiques » dans le monde (projets de nouveaux sites d’extraction de pétrole, gaz, charbon). En intégrant ensuite de nouvelles techniques de fabrication pour des volumes considérablement réduits et basés exclusivement sur des énergies renouvelables (à titre exemple, il est tout à fait possible de recycler de l’acier sur des fours à énergie solaire) (8).
- Une réduction drastique de la production de biens neufs, ce qui signifie un choix assumé de décroissance !
- Veiller au bilan carbone de chaque production.
- (Re)développer l’artisanat de proximité et faire revivre les métiers disparus (ex de la traction animale en agriculture). Voir le dossier de la fabrique écologique dans les sources et commentaires.
- Opérer la « relocalisation des industries » mais… dans une logique d’éco-industrie (bien plus « artisanale »), de résilience des territoires et de raccourcissement des circuits de distribution (industrie textile…). En effet, « l’industrie » telle que nous la connaissons aujourd’hui est clairement condamnée.
- Concevoir des produits facilement réparables, recyclables, durables…
- Développer des alternatives à des matières polluantes (par la redécouverte ou l’innovation), comme les algues pour le plastique.
- Prendre un virage serré pour parvenir à refondre entièrement notre modèle agricole (à bout de souffle, notamment en raison de l’épuisement des sols via les techniques culturales intensives). Ce qui suppose une revalorisation des métiers et que ce secteur devienne suffisamment attractif pour avoir entre un demi et un millions de nouveaux agriculteurs avant 2050 !
- Enfin, un autre d’axe d’urgence serait de booster le développement des low-Tech.

Le low-tech (littéralement « basse technologie ») s’oppose explicitement au high-tech. Il se caractérise par la mise en œuvre de technologies simples, peu onéreuses, accessibles à tous et facilement réparables, faisant appel à des moyens courants et localement disponibles (dont la réutilisation ou le recyclage d’objets et/ou de matériaux usuels).
Le low-tech est donc partie intégrante du concept d’innovation frugale, qui consiste à répondre à des besoins déterminés par des solutions technologiques les moins sophistiquées et les moins coûteuses possible. Cela nécessiterait de créer dans chaque quartier, chaque localité, autant de fab-labs, pour apprendre, échanger gratuitement les savoirs, s’entraider…
Cependant, cela suppose un changement de paradigme vis-à-vis de la religion consumériste !

2. Moins et mieux « consommer »
La limitation de nos empreintes écologiques passe par celle de nos consommations.
Culturellement, c’est la « marque » qui doit devenir ringarde. C’est le SUV qui doit nous apparaître pour ce qu’il est : ridicule. C’est la course au portable dernier cri qui doit devenir un signe de stupidité affligeante.
Rompre avec la culture des « Marques » passe par la radicale limitation, voire la suppression, de la publicité.
Moins consommer c’est aussi modifier notre rapport aux objets : en substituant la location, le partage, la mutualisation, à l’achat.
Par exemple, le cabinet BL évolution (cf leur étude pour définir une trajectoire en cohérence avec l’objectif de ne pas dépasser un réchauffement de +1,5° C) préconise de limiter l’achat de vêtement à 1 kg par personne et par an.
En plus d’une redirection vers de l’intégralement bio avec une refonte complète de notre modèle agricole (ce qui devrait être une évidence…), il faut noter que l’adoption de régimes végétariens ou végans, ou même « flexitariens » (moins de viande) est aussi une solution très efficace. Selon la FAO, l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, l’élevage serait à l’origine de 18 % des émissions de gaz à effet de serre (davantage que les transports) et de 8 % de la consommation mondiale d’eau.
La limitation des produits alimentaires transformés permettrait également de limiter nos émissions (énergie utilisée pour les emballages, la chaine du froid, quantité de déchets…). Ce qui implique d’acheter, au plus possible, en local et en vrac.
Ensuite, il faut récupérer, réparer, recycler, réutiliser !
Il nous faut passer d’un modèle d’économie linéaire (production > consommation > déchet) à une économie circulaire, limitant ainsi au maximum le besoin de produits neufs.
Ce modèle implique la multiplication des recycleries et ressourceries.
La consommation responsable, c’est également le zéro déchet, le compostage des déchets alimentaires…
Cela peut encore se traduire par la remise en place des systèmes de consignes (bouteilles en verre).
3. Adapter nos logements et chauffages
Le chantier primordial, sur lequel nous accusons un retard impressionnant, est la rénovation énergétique des bâtiments.
Selon la Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM), avec le nouveau DPE réformé en 2021, le pays pourrait compter “de 7 à 8 millions” de logements considérés comme des passoires énergétiques. Une estimation qui va bien au-delà de celles réalisées jusqu’alors.
Loin des 650 000 rénovations annoncées par le gouvernement pour 2021 (incluant tous les types de travaux), la France n’aurait rénové efficacement que 40 000 logements maximum cette année-là. A ce rythme, il nous faudrait donc 200 ans pour finir les travaux nécessaires !
Le rythme des rénovations énergétiques réelles (BBC) doit être de 800 000 à 1,6 millions par an ! C’est un chantier colossal qui doit intégrer les pratiques d’écoconstruction et des matériaux biosourcés (qui permettent un stockage du Co2 durant plusieurs années).
Une série de mesures peut efficacement contribuer à la stratégie globale bas carbone :
- Généraliser l’écoconstruction, dont nous parlions à l’instant.
- Concevoir des logements modulables (pour réduire le nombre de pièces utilisées en hiver).
- Réduire les T° intérieures (19° C).
- Améliorer la performance des chauffages (tous les chauffages fossiles devant disparaître au profit de sources d’énergie bas carbone, raccordements à des réseaux de chaleur, pompe à chaleur, biomasse…).
- Agir dans les entreprises : en limitant aussi la température à 19°C dans les zones de circulation.
- Interdire les climatiseurs (sauf publics fragiles).
- Végétaliser les murs et les toits, utiliser les revêtements blancs…
- Limiter la surface des logements à 30 m2 maxi par habitant.
4. Les économies sur les déplacements et les transports
Economiser l’énergie sur les transports, c’est :
- Instaurer une carte carbone pour les déplacements de loisirs.
- Réglementer de manière draconienne les voyages en transport aérien (carte carbone ou tirage au sort).
- Interdiction immédiate des SUV.
- Interdire les croisières maritimes.
- Brider l’ensemble des véhicules et réduire leur consommation au maximum.
- Limitations de vitesse à 70 km/h sur route et 100/110 Km/h sur autoroute.
- Rendre obligatoire l’usage d’un véhicule loué pour les déplacements de loisirs chaque fois que la possibilité existe (développer les parcs publics de véhicules loués à prix coûtants).
- L’arrêt immédiat du développement de l’électrique pour les modes individuels. Hormis des cas particuliers comme les véhicules utilitaires en milieu rural, la motricité électrique doit être réservées pour du collectif (l’idée de remplacer le parc automobile à énergie fossile par autant de voitures électriques étant sans doute l’une des stupides du Siècle).
- L’Interdiction de toute circulation automobile en ville (sauf dérogations pour motifs pro, handicap, etc.).
- Ramener au strict minimum la construction de véhicules neufs.
- Organiser la ville pour le vélo.
- Généraliser le télétravail 2 à 3 jours par semaines, partout où cela est possible.
- Développer les coworking et tiers lieux pour le télétravail, et pour éviter aux salariés de faire un aller retour en ville (mouvements de balancier).
- Rendre obligatoire la création d’une flotte de véhicules partagés et co-voiturage des salariés (entreprises ou inter-entreprises) lorsque celui-ci est possible pour les trajets domiciles travail.
- Restreindre la possibilité de prendre sa voiture pour des trajets courts. Rappelons que 35,7% des trajets domicile travail sont inférieurs à 5 km aller !
- Multiplier les Transports publics (avec gratuité incitative).
- Créer des services de taxis collectifs.
- Doubler la flotte de bus et cars d’ici 2030.
- Mettre en circulation au moins 50% de trains en plus d’ici 2030.
- Concevoir un nouveau désign urbain où le citoyen a tout le nécessaire dans un rayon maximum de 15 / 20 minutes.
5. Stopper l’ébriété numérique
Le numérique n’est pas une solution pour sortir de l’ornière !
- Il nous faut, à minima, diviser les flux numériques vidéo par trois avant 2030 . Or, le flux vidéo augmente de 20% par an ! En régime tendanciel, il devrait donc être multiplié par 4 en 2030, alors qu’il faut prendre l’exact chemin inverse.
- Interdire les publicités intégrées aux sites internet. Les flux de données publicitaires représentent une part significative, et à l’utilité discutable, des sites internet. Les retirer permettrait de réduire d’autant les flux de données.
- Interdire à la vente les téléviseurs de plus de 40 pouces (Les émissions de GES liées à la production de téléviseurs sont directement proportionnelles à la taille de l’écran.)
- Mettre un coup d’arrêt immédiat au déploiement de la 5G.
- Augmenter significativement la durée de vie des équipements et leur réparabilité.
6. Stopper tous les projets inutiles et nuisibles
Il est nécessaire de stopper de suite :
- toute construction de nouvelles autoroutes,
- les nouveaux périphériques (pour le « tout voiture »),
- les extensions d’aéroports,
- les projets de fermes usines,
- les mégabassines (qui épuisent les nappes phréatiques et dérèglent le cycle de l’eau) (9)
- les projets de zones commerciales et industrielles
- Les créations d’entrepôts pour la vente en ligne (Amazon)
- …
A noter qu’il existe une carte de tous les projets inutiles sur la revue en ligne Reporterre.
Conclusion
Face aux multiples blocages d’ordres psychologiques, politiques, économiques, culturels… La tâche est rude. Il semble bien qu’il ne sera rien épargné à celles et ceux qui tentent d’agir pour ménager la possibilité d’un futur viable : de la désinformation médiatique aux multiples stratégies de greenwashing des grandes – ou moins grandes – entreprises, en passant par la répression pure et dure au nom d’une lutte délirante contre ce qui serait qualifié « d’éco-terrorisme » !
Dans ce contexte, l’heure n’est plus aux tergiversations, aux pédagogies douces ou aux gentilles manifestations joyeuses et bon enfant, aux discours édulcorés « pour ne pas faire trop peur ».
L’heure est à la désobéissance civile, à des opérations massives de boycott, à des blocages d’industries, de banques, de fonds d’investissements criminels ou à des attaques devant les tribunaux. Ce sont les monstres financiers, tels les Total, BP, Shell, Repsol, GCM…), tous ces financeurs des 425 bombes climatiques mondiales actuelles, que nous devons attaquer frontalement.
C’est une véritable stratégie de guérilla et de harcèlement des groupes pollueurs qu’il est nécessaire de mettre en place. Et il faudrait aussi peut-être se souvenir qu’Al Capone était tombé…. Pour fraude fiscale !
Mais l’heure est aussi aux initiatives constructive de terrain, en bâtissant, ici et là, partout où nous le pouvons, des havres de résistance, des hameaux de résilience, des lieux d’autonomie et de luttes, des ZAD, des réseaux d’entraides, des « biorégions » pétris d’alternatives. Mettre en pratique, ici et maintenant, d’autres façons de vivre, en retrouvant notre humanité et notre connexion à ce que nous nommons « la Nature » (dont nous faisons partie).
Régis Dauxois, le 3 novembre 2022
Notes
(1) Pour certains, il serait faux de parler « d’anthropocène » puisque tous les êtres humains ne seraient pas responsables au même niveau de la situation. D’aucuns parlent encore de « Capitalocène » voire de « dérégulocène », « d’occidentalocène », etc.
Nous pourrions multiplier les vocables pour caractériser notre système humain non viable et destructeur… Soulignons simplement que changer de modèle d’organisation sociale et économique (en socialisant les moyens de production) ne nous avancerait guère si le flux Energie- production – consommation – déchets reste le même !
In fine, la notion de « capitalocène » est réductrice de la réalité de nos externalités négatives sur notre « environnement » (entre guillemets, car nous en faisons partie) et c’est bien l’Humanité, dans sa totalité, qui doit drastiquement la réduire. Il ne s’agit donc pas d’une question de répartition des richesse. Car ces richesses qui dépassent la capacité biologique de la Terre ne doivent pas être « rendues » mais détruites (ou fondues / recycler dans des Communs d’utilité sociale et écologiques).
La notion de capitalocène conduit, de surcroît, à penser (encore) en termes de « toute-puissance » de l’Homme, qui, en changeant son modèle pourrait tout maîtriser en recherchant simplement un mode qui serait supportable par son « environnement » (position anthropocentrée).
Pour notre part, nous utiliserons donc le concept d’anthropocène, en sachant qu’il peut être développé de plusieurs manières, selon différents angles de vue. Ainsi, parler d’anthropocène ne nous interdit nullement de pointer les différents niveaux de responsabilités entre les êtres humains en fonction de leurs positions sociales, tout en affirmant que les « solutions » englobent forcément TOUS ces mêmes êtres humains et pas seulement une partie d’entre eux.
(2) Le jour du dépassement est calculé en divisant la biocapacité de la planète (en hectares globaux) par l’empreinte écologique de l’humanité (en hectares globaux) et en multipliant le tout par le nombre de jours d’une année, soit 365. Ainsi, la date du jour du dépassement mondial de 2022 étant le 28 juillet, il faudrait 1,75 planète pour répondre à la demande des Hommes en ressources écologiques.
(3) Voir https://www.wwf.fr/jour-du-depassement
(4) Voir Source https://www.nature.com/articles/s41586-020-3010-5
(5) En 2009, une équipe internationale menée par Johan Rockström du Stockholm Resilience Centre et Will Steffen de l’Université nationale australienne, publie un article dans les revues Nature et Ecology and Society, dans lequel elle identifie neuf limites planétaires (planetary boundaries) à ne pas dépasser si l’humanité veut pouvoir se développer dans un écosystème sûr, c’est-à-dire évitant les modifications brutales, non-linéaires, potentiellement catastrophiques et difficilement prévisibles de l’environnement.
- Le changement climatique. (concentration atmosphérique en CO2 supérieure à 350 ppm). Elle est dépassée depuis 2009
- Les pertes de biodiversité (taux actuel d’extinction planétaire 100 à 1 000 fois supérieur à ce qui serait un taux limite inférieur à 10 espèces par an sur un million). Elle est également dépassée depuis 2009.
- Perturbations du cycle de l’azote. Dépassée depuis 2009 et Perturbation du cycle du phosphore. Dépassée depuis 2009 (ces deux limites ont été regroupées)
- L’usage des sols. Dépassée en 2015
- L’acidification des océans.
- La déplétion de la couche d’ozone.
- Les aérosols atmosphériques.
- L’usage de l’eau douce. Elle est dépassée en 2022 (pour l’eau verte)
- Introduction d’entités nouvelles dans la biosphère, ex 10ème limite (2015). Elle est dépassée en 2022,
(6) Voir Source https://fr.unesco.org/water-security/wwap/wwdr/2019#download ).
(7) Voir Source https://reporterre.net/Les-insectes-pourraient-disparaitre-d-ici-un-siecle
(8) Voir lien : https://www.usinenouvelle.com/editorial/en-suisse-le-premier-four-solaire-industriel-au-monde-bientot-pret-a-recycler-de-l-acier.N2050202
(9) Voir source : https://bonpote.com/les-mega-bassines-sont-elles-des-solutions-viables-face-aux-secheresses/