Bien souvent, cette expression est employée sans réellement saisir quels sont les enjeux associés. Car « faire de la transition écologique » ce n’est pas « suivre le mouvement » (?), « être tendance » (?) et penser « voiture électrique » ou rêver au miracle « hydrogène » (encore moins !). Non. Une transition écologique efficace implique de structurer la refondation de nos modèles et activités économiques selon des axes précis et relatifs à ce que nous nommerons ici les « trois ruptures fondamentales ».
Personnellement, je continue à utiliser le vocable de transition, même s’il serait sans doute préférable de parler de redirection. Tout comme il serait sans doute plus pertinent de remplacer le terme de « crise » par celui de rupture. En effet, la notion de crise fait supposer un retour à la « normale ». La transition fait penser à une trajectoire très progressive… Or, il n’y aura pas de retour à la normale et cette transition, si elle réussit, ne sera ni douce ni tranquille. La multiplication des catastrophes climatiques, l’apparition des chaleurs humides, l’extension des pandémies et Arboviroses (dengue, chikun-gunya, Zika…), les chocs économiques engendrés par les sécheresses, les inondations ou encore la rétraction des sols argileux qui entraînent la fissuration des habitats… (je m’arrête ici car la liste est bien trop longue), sont des faits qui ne nous autorisent plus les demi-mesures.
Rappelons les trois ruptures fondamentales.
D’abord, il y a celle du climat. Les politiques actuelles nous placent sur la voie d’un réchauffement à trois degrés ou plus. Une récente étude parue dans Earth Systems Dynamics en octobre 2022 prévoit même un + 3,8 °C. pour la France, à l’horizon 2100.
Il faut préciser que « +3 °C. » est une moyenne. Or, ce qui compte, ce sont les écarts à la moyenne ! Etre sur la pente d’un « + 3°C », cela signifie d’abord en ressentir les effets bien avant d’atteindre ce seuil et ce sont, de suite des pluies diluviennes, d’intenses canicules, de violentes sécheresses qui ravagent les récoltes de l’année mais aussi, comme on a pu récemment le voir aux USA, des vagues de froid polaire par confrontation des masses d’air, chaudes et humides d’un côté, froides et sèches de l’autre. Sur la question du climat, réduire nos émissions de gaz à effet de serre (et pas seulement le C02) est une question de survie.

La rupture biodiversitaire ensuite. Cette rupture est aussi grave que celle du climat, car l’humanité ne peut vivre sans biodiversité. Un seul chiffre : de 1970 à 2014, c’est 60 % de la population des vertébrés qui a disparu ! Une seule solution à cela : nous devons repenser nos zones d’habitations, stopper de suite l’artificialisation des sols, réensauvager nos territoires. Et surtout cesser de considérer que la « Nature » est notre environnement car nous en faisons partie.

Les pollutions enfin. Elles sont devenues « hors de contrôle » comme le notent les scientifiques qui travaillent sur le dépassement des limites planétaires. Ce qui intègre la question majeure, très peu médiatisée, de la rupture des cycles du phosphore et de l’azote (vous trouverez toutes les explications détaillées sur ce site, dans le cours. Nous devons agir, et vite, pour stopper toutes les pratiques venant massacrer nos écosystèmes… et nos organismes !
Sur les plans professionnels, ce sont donc essentiellement
1) la réduction des émissions de GES,
2) la protection ou la régénération (autant que faire se peut) de la biodiversité,
3) la lutte contre les pollutions,
qui vont dessiner les contours des métiers de la transition.
Vous trouverez une série de slides, toujours dans le cours (Emplois et formations), où nous faisons un tour d’horizon des métiers possibles…
A cela, il faut rajouter un quatrième volet : celui de l’adaptation.
Car s’il est trop tard pour éviter bon nombre de drames, il n’est pas trop tard pour préserver les conditions d’un futur vivable pour les jeunes générations. Il faudra adapter tous nos territoires pour augmenter leur degré de résilience aux chocs. Au boulot !
R. Dauxois, 1er mars 2023